Grave

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« Dans la famille de Justine tout le monde est vétérinaire et végétarien. À 16 ans, elle est une adolescente surdouée sur le point d’intégrer l’école véto où sa sœur ainée est également élève. Mais, à peine installés, le bizutage commence pour les premières années. On force Justine à manger de la viande crue. C’est la première fois de sa vie. Les conséquences ne se font pas attendre. Justine découvre sa vraie nature. »

On dit que la nuit porte conseil. Effectivement. Au sortir de la vision de Grave je n’aurais pas écrit la même chose que ce qui va suivre. OK, c’est donc ça le fameux « film de genre d’auteur  » dont tout le monde a parlé au printemps, encensé par la critique, qui a profité d’une petite réputation faite en festivals, de Cannes au PIFFF en passant par le festival So Films et d’autres dont j’ai oublié le nom, ET nommé aux César de surcroît ! Une conclusion somme toute logique à la vue du parcours effectué par Grave sur l’année écoulée, et qui vient couronner son succès en salle (quasiment 150 000 entrées France).

Je ne sais pas par où commencer. Je pense, je pense, avoir aimé le film. Enfin, non, c’est la prestation de Garance Marillier que j’ai aimé. Ça, ainsi que la découverte de son animalité, de la chair. La chair appelle la chair, le sang appelle le sang, le sexe appelle le sexe. C’est inévitable. Pour ceux qui connaissent un peu le cinéma de genre, y en a un qu’a magnifiquement compris ça, et qui en a fait sa marque de fabrique, c’est David Cronenberg. Celui d’avant A History of Violence, je préfère préciser. La réalisatrice, Julia Ducournau, le cite comme influence majeure. Soit. Cronenberg, il est dans mon top 3 des réals, avec Tsui Hark et Big John. Je m’attendais donc à ce que cette influence majeure soit digérée, et qu’elle nous propose dans Grave quelque chose qui lui ressemble. Je me suis grandement trompé. Grave, c’est le néant. Une coquille vide, que tient sur ses épaules Garance Marillier.

La complicité que les deux entretiennent depuis le court-métrage Junior de Ducournau se voit à l’écran, elle la filme magnifiquement bien. Mais ça s’arrête là ! Plus j’y pense, plus je me dis que je me suis fait enfler. Grave est un film tout à fait inoffensif, même pas gore, faut vraiment pas croire tout ce que disent les journaux, comme disait Daniel Balavoine, et qui pète bien plus haut que son cul. Le film est formaté pour les festivals, c’est un film de festival. Académique, sans prise de risque, Grave est un film d’horreur de petit bourgeois. Pardon, de petite bourgeoise. Cronenberg… Je t’en foutrais. Le mec a étudié le sujet en long, en large et en travers, a poussé le truc jusque Crash, et c’est y a plus de 20 ans. Un autre réal’ se réclamait aussi de Cronenberg, un certain Richard Bates Jr., il a commis ce méfait, Excision. Je vous renvoie à ce que j’en disais à l’époque. Grave, c’est l’Excision français.

Alors oui, parfois y a de jolis cadres, c’est clair. Dans des plans fixes. Parfois, y a une belle photo. On y croit, on se dit: « tiens, c’est assez bien amené, ça » et puis ça part en couille, au détour d’un clébard qui renifle la chatte de Justine, au détour d’une scène avec un routier, au détour d’un énième regard par en-dessous, comme si elle n’avait que deux expressions de jeu, la petite Garance. Quant aux personnages, ils sont d’une insignifiance sans nom. Le top c’est son coloc, Adrien (Rabah Naït Oufella), gay ET arabe, combo de minorités pour satisfaire la bienpensance de la production et des directeurs de festivals. Tssss….Non vraiment, tous les personnages, à l’exception de Justine, ne sont pas tellement écrits, voire pas du tout. Même celui d’Alexia, la grande sœur, instigatrice de la transformation de Justine, est mal foutu. Ou alors la performance d’Ella Rumpf ruine le personnage. Bref, les personnages secondaires, ils sont là, ils ne sont pas là, on s’en fout. Tout comme le fait que ça se passe en école de vétérinaire, ça n’a aucune incidence sur le récit. Aucune. Le film se serait passé à HEC ou toute autre école de commerce, comme dans La Crème De La Crème, ç’aurait été pareil. Y a un côté Teen Movie, par le simple fait que Justine a 16 ans et qu’elle découvre l’attirance physique, assez exaspérant. Vraiment, j’ai juste l’impression d’avoir vu le film d’une teenage en colère contre ses parents, en colère parce qu’elle construit son identité en réaction à l’autorité parentale. Une crise d’adolescence filmique, filmée.

Je pense, à mon grand regret, avoir détesté Grave. Finalement, y a rien d’étonnant, je m’en doutais un peu. C’est de la putain d’esbroufe. De toute façon, le film divise tellement que vous feriez mieux de le voir pour vous faire une idée. Je vous ai dit qu’il était produit, entre autres, par Julie Gayet ?

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