Ghostland

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« Suite au décès de sa tante, Pauline et ses deux filles héritent d’une maison. Mais dès la première nuit, des meurtriers pénètrent dans la demeure et Pauline doit se battre pour sauver ses filles. Un drame qui va traumatiser toute la famille mais surtout affecter différemment chacune des jeunes filles dont les personnalités vont diverger davantage à la suite de cette nuit cauchemardesque. Tandis que Beth devient une auteur renommée spécialisée dans la littérature horrifique, Vera s’enlise dans une paranoïa destructrice. Seize ans plus tard, la famille est à nouveau réunie dans la maison que Vera et Pauline n’ont jamais quittée. Des évènements étranges vont alors commencer à se produire… »

Dire que j’attendais ce nouveau film de Pascal Laugier est un doux euphémisme, tant le bonhomme avait su m’embarquer dans sa psyché dérangée avec son fabuleux Martyrs. Qu’il reparte avec le Grand Prix du Festival Fantastique de Gerardmer en a rajouté une couche. Je savais en gros de quoi ça parlait, mais pas à quoi ça ressemblait, ayant pris le soin de regarder quelque bande-annonce que ce soit. Comme souvent, mon attente s’est trouvée trop haute face au produit. Non que le film soit mauvais, loin s’en faut, mais je m’attendais à plus dérangeant. Il l’est par certains aspects, ne nous méprenons pas. J’aurais aimé qu’il soit moins « convenu » parfois.

Tout est question de temporalité, dans Ghostland. On a deux temps distincts: ce qui se passe dans la maison, et la vie d’adulte de Beth. Les deux sont amenés à s’entrechoquer, à se lier, à se délier. Bien évidemment, l’un des deux n’est pas celui que l’on croit. C’est sur ce postulat que repose toute la mécanique du film. Ce qui pourrait s’avérer comme un vulgaire film d’horreur lambda dans ses 20 premières minutes se meut peu à peu en un survival « bi-temporel », où il est question d’échappatoire sur ces deux niveaux, comme dans un rêve. Oui, le procédé a déjà été utilisé, d’Inception à Suckerpunch. Ici, on lorgne plus du côté de Snyder que de Nolan. Bref, tout ça pour dire quoi, au final ? Bien ou pas bien, Ghostland ?

Bah bien, gros, bien ! Enfin, pas autant que je l’avais espéré, mais le film de Pascal Laugier se place dans la catégorie haute des sorties « horreur » dans nos multiplexes. Le film est savamment dosé en hémoglobine, moments de flippe, scènes dérangeantes… Même si tout ceci reste relativement convenu, il faut bien l’avouer. Ghostland revêt les oripeaux du film d’horreur fabriqué Outre-Atlantique, incluant le lot de prévisibilités nécessaire à toute production du genre. On y retrouve donc quelques jump-scares, des plans de maison qu’on a vu mille fois, des poupées de chiffon et j’en passe. Ce n’est pas mal filmé, loin de là, mais la mise en scène ne transcende jamais le propos.

J’ai eu le malheur de le voir en VF, oui il a été tourné en Anglais, je me garderai bien de parler de la direction d’acteurs. À part que ça commence à se voir, Mylène, la chirurgie esthétique ! Bref, tout ça pour dire quoi, au final ? Bah que je n’ai pas grand-chose à en dire, qu’avec ce grooooos recul, j’ai été assez déçu. Je m’attendais à bien plus, bien pire. Mais bon, Pascal Laugier ne refera jamais un film à la hauteur de Martyrs (merci encore pour le coup de shotgun sur Xavier Dolan, fronchemon sa fi plizir). Allez, basta, ça fait mille ans que j’aurai dû la poster, ça me gonfle, s’il y avait matière à faire une dissertation dessus, je ne dis pas. Mais là, même pas, en fait. Encore un film qui ne fait pas peur, qui ne dérange en rien. Alors que parfois on y croit, ATTENTION SPOILER !!!, comme quand les meufs se font rattraper et qu’une fois dans le camion de glaces on se dit que ça va partir en mode Texas Chainsaw Massacre. Mais même pas, pschitt !!! On touche du doigt l’idée du truc, c’est tout, mais ça ne va pas plus loin. Tout l’artifice avec les poupées, bon, ok y a de la tension dans cette scène, mais le decorum est vu, revu, et rerevu. Bon, allez, c’est bien, j’arrête de vous saouler. D’façon, ceux qui voulaient le voir l’ont vu. Quant aux autres, patientez encore un peu, il sera sur les Internets du Futur d’ici l’été.

I, Tonya

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« En 1994, le milieu sportif est bouleversé en apprenant que Nancy Kerrigan, jeune patineuse artistique promise à un brillant avenir, est sauvagement attaquée. Plus choquant encore, la championne Tonya Harding et ses proches sont soupçonnés d’avoir planifié et mis à exécution l’agression… »

Inspiré de faits réels, I, Tonya nous narre l’ascension d’une jeune patineuse qui a tout pour réussir dans son sport malgré un handicap évident, son look, son origine. Issu de la working class, Tonya Harding dénote au milieu des petites bourgeoises bien apprêtées, et dont les parents – ici, la mère – ne sont pas une espèce de mégère qui jure plus vite que son ombre, et qui n’a aucun considération pour son môme. Pourtant Tonya avait tout pour réussir, de l’or dans les patins, la petite. Première patineuse américaine à réussir un triple axel, ce saut lui ouvrira les portes de la sélection américaine pour les JO d’Albertville, malgré son background White Trash. Quelques désillusions plus tard, on se retrouve avec le fameux incident de l’agression de sa rivale Nancy Kerrigan, et c’est le début de la fin pour elle.

I, Tonya est monté ainsi: des entrevues face caméra des principaux protagonistes de l’histoire entrecoupées de flashbacks qui constituent bien évidemment le cœur du film. « Comme dans Citizen Kane ? » Absolument, Jean-Eudes ! Comme dans La Classe Américaine aussi, et je ne viens pas étaler ma science !!! Bref, on suit Tonya depuis ses premières glissades sur une patinoire jusqu’à la décision du juge dans le procès Kerrigan. Famille dysfonctionnelle, une mère aux frontières de la tyrannie, un père qui fuit, ce sont les bases de Tonya, ce avec quoi elle va devoir se construire, sur et en dehors de la glace.

Qu’est-ce qu’on apprend de nouveau ? Hmmm, pas grand-chose en fait, tellement le portrait colle à l’idée qu’on pouvait se faire à l’époque de Tonya Harding, la Bad Girl de l’Amérique: douée sur la glace, torpillée par son tempérament, son style, son milieu social, ses fréquentations. Un Tout de « cassocerie » qui la mènera à bien des tourments. Cela dit, le traitement est suffisamment léger pour ne pas tomber dans une forme de pathos qui pourrait être lourdingue. Non. C’est un Dramedy assez bien équilibré, et qui ne verse pas non plus dans l’empathie, puisque chaque action est assumée par Tonya Harding. Moins par les autres, dont j’ai oublié les noms au moment d’écrire ces lignes. Balec.

Bref, I, Tonya ne verse pas dans le larmoyant, rend compte des événements de façon assez précise, n’hésite pas à injecter un peu d’humour, ça jure à tout-va, ça se met des pains, ça tire au shotgun, on est bien dans cette Amérique Républicaine typique, des boulots de merde, des maisons en bois, et de la confiture dans la boîte crânienne. Ah bah si, pour élaborer un plan de ce type et s’en vanter auprès de n’importe qui quand ça passe aux infos, faut sacrément être con !!!

Margot Robbie endosse le rôle parfaitement, sans pression. La ressemblance n’est pas frappante, loin s’en faut, mais elle incarne l’idée Tonya Harding avec une aisance bien naturelle. Du Queensland à l’Oregon, il n’y a qu’un pas ! Que dire d’Allison Janney, dans le rôle de LaVona Harding, la mère ? Fabuleuse, l’Oscar du meilleur second rôle féminin est pleinement mérité. Que de chemin parcouru depuis The West Wing ! Quant à l’homme par qui le scandale arrive, le mari de Tonya Jeff Gillooly, il est là aussi interprété avec brio par Sebastian Stan, le Bucky Barnes de Captain America. Globalement, le casting est bon, la direction d’acteurs aussi. I, Tonya est une petite réussite, que je vous engage vivement à voir, d’une façon ou d’une autre, vu que les deux sont disponibles, si vous voyez ce que je veux dire !

Lady Bird

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« Surnommée « Lady Bird », Christine McPherson est une lycéenne qui vit avec sa mère autoritaire à Sacramento. Secrètement, elle tente de quitter sa ville, ainsi que sa mère et ses proches, pour étudier à New York. »

Nouvelle coqueluche, qu’est-ce que je peux détester cette expression, du cinéma indé US, Greta Gerwig passe derrière la caméra pour la première fois seule et nous livre un Lady Bird bien en deçà de sa réputation. Enfin, réputation, plutôt le buzz qui entoure le film suite à ses nominations aux Oscar, diversité, #metoo et caetera et caetera et caetera. Qu’on soit clair, je suis contre les quotas. Qu’un film ou un réalisateur, de quelque couleur de peau ou de genre que ce soit, soit nommé pour la qualité de son travail, c’est tout à fait normal. En revanche, quand un doute plane, comme sur Get Out ou Lady Bird en l’occurrence, ça n’a, pour moi, aucun sens. Pire, ça remet en doute la légitimité de la présence de X ou Y. À leur place, je serai deg’. Mais bon, c’est comme ça que ça fonctionne aux États-Unis. Bref, on referme la parenthèse, et revenons à nos moutons.

Film indy lambda par excellence, Lady Bird n’amène rien de neuf sur l’échiquier cinématographique. C’est vu, revu, et convenu. L’ado de la cambrousse qui rêve d’aller à la ville pour vivre sa vie, ça va on connait tous l’histoire, on a, de près ou de loin, tous un peu vécu la même. Le sujet a été traité maintes fois au cinéma, en littérature, quel intérêt a Greta Gerwig de nous raconter cette histoire une nouvelle fois ? C’est la sienne ? Mais très certainement ! Née à Sacramento comme Christine l’héroïne du film, Greta est partie faire ses études à New-York, ce dont rêve notre ado californienne.

OK, l’élément autobiographique est donc très présent dans Lady Bird. Est-ce suffisant ? Je ne crois pas. On suit donc Christine, ou Lady Bird comme elle s’est auto-proclamée, dans sa dernière année de lycée, lycée religieux, où elle va s’éveiller à l’Amour, participer à un Musical, devenir pote avec la bonnasse du lycée pour se faire accepter de la bande parce qu’elle a des vues sur un musicien de post-punk, en attendant d’éventuelles réponses d’écoles de la Côte Est, tout ceci dans une famille où la mère se tue à la tâche, et où le père est en dépression. Rien de neuf sous le soleil dans le cinéma indépendant.

Ce n’est pas mal mis en scène, c’est même plutôt bien foutu, si on enlève les plans fixes sur les façades de maisons qui reviennent bien des fois. Saoirse Ronan est même plutôt convaincante dans le rôle de Lady Bird. Mais je ne peux m’empêcher d’avoir ce goût persistant de déjà-vu dans la bouche, tant le film me semble académique, propret, lisse, convenu. Je pense même n’avoir rien à reprocher à Lady Bird. C’est bien le problème, ce n’est ni très mauvais, ni très bon. On passe un bon petit moment à regarder le film, mais voilà ça s’arrête là. Comme un blockbuster. C’est con d’avoir le même ressenti devant un film indy ! Voilà, voilà…Voyez-le, hein, ce sera toujours mieux que d’aller voir les « comédies régionales », si vous voyez ce que je veux dire !!!

Le Redoutable

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« Paris 1967. Jean-Luc Godard, le cinéaste le plus en vue de sa génération, tourne La Chinoise avec la femme qu’il aime, Anne Wiazemsky, de 20 ans sa cadette. Ils sont heureux, amoureux, séduisants, ils se marient. Mais la réception du film à sa sortie enclenche chez Jean-Luc une remise en question profonde. Mai 68 va amplifier le processus, et la crise que traverse Jean-Luc va le transformer profondément, passant de cinéaste star en artiste maoiste hors système aussi incompris qu’incompréhensible. »

Depuis The Artist, Michel Hazanavicius s’est acheté une crédibilité auprès de la Grande Famille du Cinéma. Faut dire que tant d’exposition pour un film français, ça arrive rarement. Merci Harvey, t’auras pas tout foiré ! Quid de ce Redoutable ? L’est-il vraiment ?

La réponse est non ! Se concentrant sur la partie « révolutionnaire » de Godard aux alentours de Mai 68, Le Redoutable emprunte les codes des films de la Nouvelle Vague pour livrer un film légèrement « Méta ». Du Cinéma sur le Cinéma. Ça peut rebuter, mais c’est fait avec assez d’intelligence pour ne pas sombrer dans le lourdaud. C’est uniquement chiant. Chiant parce que la direction d’acteurs est un peu light, et on ne peut pas dire que, hormis Louis Garrel, les acteurs brillent par leur charisme. Le film repose totalement sur la composition de Garrel. Je ne suis pas spécialement fan du bonhomme, je n’ai pas vu grand-chose avec lui, il me fait marrer en interview. Je l’ai trouvé bon. Et drôle.

Hormis sa performance, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent, dans ce Redoutable. La mise en scène est quelque peu plan-plan, même si les cadres sont maîtrisés. Vite vu, vite digéré, Le Redoutable ne laissera un souvenir impérissable à personne, malgré ses évidentes qualités.

Revenge

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« Trois riches chefs d’entreprise quarantenaires, mariés et bons pères de famille se retrouvent pour leur partie de chasse annuelle dans une zone désertique de canyons. Un moyen pour eux d’évacuer leur stress et d’affirmer leur virilité armes à la main. Mais cette fois, l’un d’eux est venu avec sa jeune maîtresse, une lolita ultra sexy qui attise rapidement la convoitise des deux autres… Les choses dérapent… Dans l’enfer du désert, la jeune femme laissée pour morte reprend vie… Et la partie de chasse se transforme en une impitoyable chasse à l’homme… »

On retourne sur les terres du film de genre made in France avec ce Revenge qui, comme son nom l’indique, lorgne du côté du Rape and Revenge, du Survival ainsi que du Girls With Guns. Démarche louable en soi, ces genres sont sous-exploités voire absents en notre belle contrée, encore faut-il ne pas singer les genres et ne récupérer que les artifices. C’est malheureusement le cas pour Revenge qui, au sortir de la projection, m’a fait relativiser tout le mal que je pense de Grave. Une performance que je ne croyais pas possible, et pourtant ! « Ce n’était pas mauvais, c’était très mauvais », comme le disait si bien Louis De Funès.

Rien, vraiment, rien n’est à sauver dans ce film. Des plans « arty » avec utilisation de filtres de couleurs biennn 70s à des plans ultra-serrés, ultra-ralentis, en passant par des plans larges – et fixes – du désert du Nevada, ou du Colorado ou quelque état US de ce type, Coralie Fargeat nous fait une démo de cadrage qui n’amène rien au récit. Déjà que le récit en lui-même…

Rape & Revenge, donc. Trois collègues friqués, une chasse annuelle dans le désert, la maitresse de l’un d’entre eux est présente, une teuf la veille, elle danse (plan p’tit cul constant sur les 20 premières minutes du film), les autres sont chauds pour se la faire. Y en a un qui lâche pas l’affaire, la viole pendant que son pote n’est pas là, et que le troisième fait la sourde oreille. Elle se barre, ils la retrouvent, elle se fait balancer du haut d’une falaise pour se retrouver empalée sur une souche d’arbre, et est laissée pour morte. C’est là que le Revenge commence. Et que j’ai complètement décroché.

Oui, parce qu’après sa chute d’une bonne dizaine de mètres+l’empalement, elle est vivante. Après avoir perdu 25 litres de sang, elle est vivante. Gros problème de crédibilité, pour commencer. Je passe sur la façon dont elle s’en sort, et dont elle se relève, parce que c’est bien connu, avoir une branche d’arbre qui traverse le ventre ne t’empêche pas de te relever ! #lesabdosenadamantium Et ce n’est que le début d’un grand portnawak qui voit cette jeune bimbo décérébrée se transformer en à peu près trois heures (en unité de temps dans le film) en une espèce de mix entre John Rambo et Lara Croft dernière mouture, comme on le peut le voir dans le trailer du film avec Alicia Vikander, avec l’option « p’tit cul apparent » en prime. Peut-être que dans son background elle a aussi appris l’Aikido à Steven Seagal, on n’en sait rien, vu qu’on ne sait RIEN des personnages (et globalement on s’en fout, vu le package acteurs/personnages tout pourri). La scène où elle enlève le morceau de bois, pété de rire ! Afin d’agrandir la plaie pour que le bois passe, elle chauffe la lame du couteau qu’elle récupère AU BRIQUET ! Avec des potes, au vingtième siècle, lors d’une soirée barbecue fort arrosée – et je ne parle pas de picole – on a essayé de cuire des merguez au briquet, ça ne marche pas, alors chauffer une lame…S’ensuit une cautérisation lolesque avec un branding « lourd de sens », très lourd le sens ! Y a pire, notamment une course-poursuite entre un 4×4 et elle, ouate de phoque !!!

Y a rien à sauver dans Revenge. Rien. Le casting est à chier, la palme revient au sosie de Cyril Hanouna. Faut qu’il arrête, lui. Vraiment. Les dialogues sont d’une stupidité sans nom. Les coups de fil que passe le personnage masculin principal a sa femme sont, comment dire… Les mots me manquent. Dire que Coralie Fargeat le vend comme un film féministe… Je m’en tiens les côtes de rire. C’est pas parce que t’inverses les rôles, les codes, que ça en devient militant. Ou alors tu fais dans le féminisme à la Isabelle Alonso… Mais c’est bien, ça fait du buzz, les gens tombent dans le panneau, sans même réfléchir à ce qu’ils voient et si on ne se fout pas un peu de leur gueule. Film poseur, sans queue ni tête, avec un final directement inspiré de Benny Hill, Revenge fait plus de mal que de bien à la Cause. Le point positif, comme je disais en ouverture, c’est qu’il réhausse mon avis sur Grave. Et c’est bien le seul point positif.

Song To Song

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« Une histoire d’amour moderne, sur la scène musicale d’Austin au Texas, deux couples – d’un côté Faye et le chanteur BV, et de l’autre un magnat de l’industrie musicale et une serveuse – voient leurs destins et leurs amours se mêler, alors que chacun cherche le succès dans cet univers rock’n’roll fait de séduction et de trahison. »

Pour une première incursion dans le cinéma de Terrence Malick, je ne sais pas si j’ai choisi le meilleur film. En plus, c’est faux, j’ai vu La Ligne Rouge.  Ça commence bien, tout ça ! Faut dire que le casting est, comment dire, plus qu’alléchant, puisque les quatre font partie de mes tops masculin et féminin. Dire que ce n’était pas à la hauteur de mes attentes est un doux euphémisme. Je ne sais pas ce que veut faire Terrence Malick. Si c’est une forme de « cinéma vérité » avec très peu de direction d’acteurs pour qu’ils improvisent un maximum, pourquoi pas. C’est d’ailleurs l’impression que ça donne lors des pérégrinations de certains personnages dans les rues d’une ville hispanisante, au Mexique ou à Cuba, je n’en ai pas la moindre idée. Je pense surtout à une scène où on suit BV (Ryan Gosling) et Cook (Michael Fassbender) partis se bourrer la gueule. On a vraiment l’impression que le chef op’ de Malick, ou Malick lui-même, les a suivis, avec sa steadycam, pendant un day off de tournage. Si c’est un parti pris, ok. À la limite, c’est dans ces moments-là qu’il se passe le plus de choses. Parce que sinon…

Song To Song est d’un ennui ! Il ne se passe pas grand-chose, ne se dit pas grand-chose. Faut dire que baser son scénario sur les hésitations de Faye (Rooney Mara) à choisir entre BV et Cook… Un coup c’est l’un, un coup c’est l’autre, un coup c’est l’un… Un coup c’est l’autre. Bref, construire le personnage là-dessus, même si on apprend qu’elle est tenue par une espèce de carotte que lui tend Cook depuis des années, c’est un peu maigre. Quant au personnage de Rhonda (Natalie Portman), il n’amène pas grand-chose au récit. Si ce n’est une espèce de coup de foudre entre Cook et elle. Voilà, c’est ça Song To Song, des couples qui se font et se défont sur fond de musique, de SXSW.

C’est bien le seul intérêt, d’avoir quelques secondes de musique live parfois. Après, ce n’est pas mal filmé, faudrait être teubé pour dire le contraire, beaucoup de plans rapprochés, de grands angles, de la steadycam en veux-tu en voilà; du « textbook Malick » ! C’est cool, ça amène forcément de la dynamique, après faut voir ce que t’en fais, de tout ça ! Est-ce que ça sert le scénario ? Nope ! Est-ce que ça le dessert ? Nope ! « Bah kesskidi ? C’est oui ou c’est non, mais pas les deux ! » Ehhhhhhhhh, va savoir !

Quid de l’acting ? Bah ce n’est pas foncièrement mauvais. Parfois ça va se passer dans le non-dit, dans les jeux de regard, le body language, comme entre BV et Faye. On est clairement dans une relation qui emprunte beaucoup au sensoriel. Contrairement à Cook qui parle beaucoup, enfin beaucoup… C’est pas non plus des tirades à la Aaron Sorkin, me faites pas dire ce que je n’ai pas dit ! Le seul truc qui me fait un peu flipper, c’est le jeu de Rooney Mara. Dans les deux derniers films que j’ai vus avec elle, celui-ci donc, et A Ghost Storyje trouve qu’elle file un mauvais coton. Soit c’est parce qu’on est dans le même genre de personnage, voire de film, et donc ça peut se comprendre qu’elle soit un peu « détachée » de la sorte, j’espère que c’est le cas, soit elle fait dans la facilité. Et là, bon, est-ce qu’elle aura envie de se faire violence à l’avenir..? Oui, ça dépend des choix, des rôles, de la direction d’acteurs… Bien sûr. Mais bon. Je l’aime bien, la petite, je voudrais pas qu’elle se repose sur ses acquis. Un peu de mise en danger, que diable ! Natalie Portman, pour le peu de minutes à l’écran, est nickel dans le rôle. C’est d’ailleurs le seul personnage qui connait une réelle évolution au fil du métrage, et c’est celui qu’on voit le moins. Comme si l’immobilisme était le coeur du film…

Bref, en un mot comme en cent, je pense que le cinéma de Terrence Malick n’est pas fait pour moi. Je ne trouve rien de rebutant, mais clairement je ne suis pas la cible. C’est bien fait, les acteurs sont bons, mais je ne peux pas non plus de me contenter de ça. Si jamais vous avez un autre film de lui à me conseiller, je suis preneur !

Grave

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« Dans la famille de Justine tout le monde est vétérinaire et végétarien. À 16 ans, elle est une adolescente surdouée sur le point d’intégrer l’école véto où sa sœur ainée est également élève. Mais, à peine installés, le bizutage commence pour les premières années. On force Justine à manger de la viande crue. C’est la première fois de sa vie. Les conséquences ne se font pas attendre. Justine découvre sa vraie nature. »

On dit que la nuit porte conseil. Effectivement. Au sortir de la vision de Grave je n’aurais pas écrit la même chose que ce qui va suivre. OK, c’est donc ça le fameux « film de genre d’auteur  » dont tout le monde a parlé au printemps, encensé par la critique, qui a profité d’une petite réputation faite en festivals, de Cannes au PIFFF en passant par le festival So Films et d’autres dont j’ai oublié le nom, ET nommé aux César de surcroît ! Une conclusion somme toute logique à la vue du parcours effectué par Grave sur l’année écoulée, et qui vient couronner son succès en salle (quasiment 150 000 entrées France).

Je ne sais pas par où commencer. Je pense, je pense, avoir aimé le film. Enfin, non, c’est la prestation de Garance Marillier que j’ai aimé. Ça, ainsi que la découverte de son animalité, de la chair. La chair appelle la chair, le sang appelle le sang, le sexe appelle le sexe. C’est inévitable. Pour ceux qui connaissent un peu le cinéma de genre, y en a un qu’a magnifiquement compris ça, et qui en a fait sa marque de fabrique, c’est David Cronenberg. Celui d’avant A History of Violence, je préfère préciser. La réalisatrice, Julia Ducournau, le cite comme influence majeure. Soit. Cronenberg, il est dans mon top 3 des réals, avec Tsui Hark et Big John. Je m’attendais donc à ce que cette influence majeure soit digérée, et qu’elle nous propose dans Grave quelque chose qui lui ressemble. Je me suis grandement trompé. Grave, c’est le néant. Une coquille vide, que tient sur ses épaules Garance Marillier.

La complicité que les deux entretiennent depuis le court-métrage Junior de Ducournau se voit à l’écran, elle la filme magnifiquement bien. Mais ça s’arrête là ! Plus j’y pense, plus je me dis que je me suis fait enfler. Grave est un film tout à fait inoffensif, même pas gore, faut vraiment pas croire tout ce que disent les journaux, comme disait Daniel Balavoine, et qui pète bien plus haut que son cul. Le film est formaté pour les festivals, c’est un film de festival. Académique, sans prise de risque, Grave est un film d’horreur de petit bourgeois. Pardon, de petite bourgeoise. Cronenberg… Je t’en foutrais. Le mec a étudié le sujet en long, en large et en travers, a poussé le truc jusque Crash, et c’est y a plus de 20 ans. Un autre réal’ se réclamait aussi de Cronenberg, un certain Richard Bates Jr., il a commis ce méfait, Excision. Je vous renvoie à ce que j’en disais à l’époque. Grave, c’est l’Excision français.

Alors oui, parfois y a de jolis cadres, c’est clair. Dans des plans fixes. Parfois, y a une belle photo. On y croit, on se dit: « tiens, c’est assez bien amené, ça » et puis ça part en couille, au détour d’un clébard qui renifle la chatte de Justine, au détour d’une scène avec un routier, au détour d’un énième regard par en-dessous, comme si elle n’avait que deux expressions de jeu, la petite Garance. Quant aux personnages, ils sont d’une insignifiance sans nom. Le top c’est son coloc, Adrien (Rabah Naït Oufella), gay ET arabe, combo de minorités pour satisfaire la bienpensance de la production et des directeurs de festivals. Tssss….Non vraiment, tous les personnages, à l’exception de Justine, ne sont pas tellement écrits, voire pas du tout. Même celui d’Alexia, la grande sœur, instigatrice de la transformation de Justine, est mal foutu. Ou alors la performance d’Ella Rumpf ruine le personnage. Bref, les personnages secondaires, ils sont là, ils ne sont pas là, on s’en fout. Tout comme le fait que ça se passe en école de vétérinaire, ça n’a aucune incidence sur le récit. Aucune. Le film se serait passé à HEC ou toute autre école de commerce, comme dans La Crème De La Crème, ç’aurait été pareil. Y a un côté Teen Movie, par le simple fait que Justine a 16 ans et qu’elle découvre l’attirance physique, assez exaspérant. Vraiment, j’ai juste l’impression d’avoir vu le film d’une teenage en colère contre ses parents, en colère parce qu’elle construit son identité en réaction à l’autorité parentale. Une crise d’adolescence filmique, filmée.

Je pense, à mon grand regret, avoir détesté Grave. Finalement, y a rien d’étonnant, je m’en doutais un peu. C’est de la putain d’esbroufe. De toute façon, le film divise tellement que vous feriez mieux de le voir pour vous faire une idée. Je vous ai dit qu’il était produit, entre autres, par Julie Gayet ?

Jumanji: Bienvenue Dans La Jungle

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« Le destin de quatre lycéens en retenue bascule lorsqu’ils sont aspirés dans le monde de Jumanji. Après avoir découvert une vieille console contenant un jeu vidéo dont ils n’avaient jamais entendu parler, les quatre jeunes se retrouvent mystérieusement propulsés au cœur de la jungle de Jumanji, dans le corps de leurs avatars. Ils vont rapidement découvrir que l’on ne joue pas à Jumanji, c’est le jeu qui joue avec vous… Pour revenir dans le monde réel, il va leur falloir affronter les pires dangers et triompher de l’ultime aventure. Sinon, ils resteront à jamais prisonniers de Jumanji… »

Je préfère vous le préciser tout de suite: je n’ai aucune espèce de sympathie nostalgique pour le matériau de base. Je n’ai pas vu le Jumanji avec Robin Williams, il est sorti un peu tard pour moi, je suis passé à côté, et je n’ai pas spécialement envie de m’y plonger, surtout après vu cette « suite ». Bref, ceci étant dit, rentrons dans le vif du sujet.

Ce Jumanji n’est pas un remake, ni un reboot, mais plutôt une suite. Le matériau de départ est utilisé succintement, pour mieux être actualisé et correspondre aux nouveaux standards du jeu de rôle, le RPG. Car il s’agit bien de ça, ce Jumanji: Bienvenue Dans La Jungle est un RPG. Orienté vers l’action, certes, mais un RPG quand même: 4 personnages avec des capacités, différentes, qui doivent travailler en équipe pour réussir la quête qui leur est confiée et qui seront confrontés à différentes énigmes et oppositions; schéma archétypal du genre.

Alors, ok, on a 4 joueurs, mais qui sont-ils ? Des stéréotypes de lycéens US: un geek, un sportif, la bonnasse du lycée et la meuf cheloue, qui se retrouvent en retenue parce que chacun a foutu la merde, et c’est en retenue qu’ils vont tomber sur le jeu vidéo Jumanji. Coucou John Hughes !!! Et chacun va se retrouver dans la peau d’un personnage qui va à l’encontre de ce qu’il est IRL (« In Real Life » pour ceusses qui parlent pas le Geek, « dans la vraie vie » pour ceusses qui parlent pas la langue). Et donc, ils vont se découvrir à mesure de leur avancée dans le jeu, pour arriver à une morale somme toute convenue. Mais que quand on est un kid, c’est toujours bien de se le faire rappeler ! Bref.

Étonnamment, j’ai passé un agréable moment devant ce Jumanji. Étonnamment parce que le trailer ne me bottait pas plus que ça, alors que DWAYYYYNE est dans le film. Étonnamment parce qu’à la vue des 20 premières minutes, je ne donnais pas cher de la bobine (ouaiiiis ça va, je sais que les films sont au format numérique maintenant, arrêtez de me prendre pour une bleusaille, c’est pour la forme) du film. Et une fois qu’on est dans le vif du sujet, c’est bien branlé, la quête suit son cours sans problème, on retrouve ce petit côté série B d’aventure/exploration façon Allan Quatermain, et les acteurs sont plutôt bons. C’est dire si j’ai passé un bon moment, j’ai trouvé la VF réussie !

Oui, les acteurs sont bons: DWAYYYYNE, bon comme d’hab, normal. Sa doublette avec Kevin Hart fonctionne tout à fait, comme dans Central Intelligence. Je ne connais pas Karen Gillan, non seulement parce que je ne regarde pas Docteur Who, mais aussi parce qu’elle n’a pas laissé un souvenir impérissable ni dans Les Gardiens De La Galaxie (tout comme les films, mais si vous suivez ce que je raconte ici, vous le savez déjà) ni dans The Big Short. Quant à Jack Black, il est comme d’habitude formidable. D’autant plus que – SPOILER ALERT – c’est la bonnasse du lycée qui se retrouve à jouer son personnage, je vous laisse imaginer, c’est plutôt bien senti.

Bref, on ne boude pas son plaisir devant ce Jumanji :Bienvenue Dans La Jungle. Les vieux, faites fi de vos a priori et allez le voir, ça passe crème. En plus, y a Bobby Cannavale en bad guy, que demander de plus !

Molly’s Game

molly-s-game-affiche-999052« La prodigieuse histoire vraie d’une jeune femme surdouée devenue la reine d’un gigantesque empire du jeu clandestin à Hollywood ! En 2004, la jeune Molly Bloom débarque à Los Angeles. Simple assistante, elle épaule son patron qui réunit toutes les semaines des joueurs de poker autour de parties clandestines. Virée sans ménagement, elle décide de monter son propre cercle : la mise d’entrée sera de 250 000 $ ! Très vite, les stars hollywoodiennes, les millionnaires et les grands sportifs accourent. Le succès est immédiat et vertigineux. Acculée par les agents du FBI décidés à la faire tomber, menacée par la mafia russe décidée à faire main basse sur son activité, et harcelée par des célébrités inquiètes qu’elle ne les trahisse, Molly Bloom se retrouve prise entre tous les feux…

« Lovers gonna love, haters gonna hate ». Voilà ce que j’ai envie de vous dire. Si comme moi vous avez aimé pêle-mêle The West Wing, Moneyball, The Social Network ou encore The Newsroom, vous aimerez Molly’s Game. Pourquoi ? Parce qu’Aaron Sorkin, le mec derrière l’écriture des scripts, le mec qu’écrit des dialogues à n’en plus finir, qui passe derrière la caméra pour la première fois en adaptant la biographie de cette ex-sportive de haut niveau devenue la reine des parties de poker, la ceinture noire de l’organisation, où se croisaient stars de cinéma, riches industriels et mafieux de tous poils. Un Rise and Fall relativement classique dans sa construction, mais nourri par la plume de Sorkin et l’interprétation de Jessica Chastain.

On se retrouve en terrain connu des les premières secondes du métrage, avec un monologue au cordeau, supporté par un montage cut qui rappelle les belles heures de David Fincher. Le débit, le texte sont là, et on plonge dans la vie de Molly Bloom sans introduction. Son accident, son envie de vivre autre chose, la relation conflictuelle qu’elle entretient avec son coach de père, et son arrivée dans le milieu du poker « privé », éloigné des compétitions, mais qui génère autant de pognon. Petit à petit l’oiseau fait son nid, tue le père, pour s’imposer comme le numero uno des orgas de parties en haute altitude. L’argent coule à flots, elle devient incontournable. Puis une chose en entraînant une autre, les mafieux russes s’intéressent à elle quand elle débarque à New-York, et elle se retrouve citée dans une affaire d’escroquerie, son nom apparaît dans un procès-verbal d’audition pour une arnaque façon Pyramide de Ponzi. C’est alors qu’elle trouvera un avocat en la personne de Charles Jaffey (Idris Elba, quelle classe) pour la défendre.

Le film fait des allers-retours constants entre la partie légale de l’affaire et les flashbacks qui correspondent à ce que Molly raconte à son avocat. De prime abord, on peut être rétif à ce qui se raconte sur les parties de poker, le jargon utilisé, mais c’est suffisamment bien fait pour éviter l’écueil « jargonnage à outrance ». C’est surtout la psychologie du jeu qui est utilisée ici. Bref, qu’est-ce qu’on peut dire sur ce film ? Jusqu’à quel point la réalité a été romancée pour cette adaptation ? Très franchement, je n’en ai pas la moindre idée. J’ai envie de croire que tout est vrai, y compris la bienveillance de Molly, la façon dont elle peut parfois dissuader certains joueurs d’y laisser leur compte en banque, et pire encore.

Ce qui est étrange, avec Molly’s Game, c’est qu’en y repensant l’histoire en elle-même n’est finalement pas le plus important. Tout ce qu’on veut voir, c’est ce qui se passe pendant les parties. Les relations que Molly entretient avec les hommes qui ont influé sur sa vie, de son père à son boss qui l’introduit dans le game, en passant par le principal joueur à ses tables, qui s’avérera plus important qu’il n’y paraît, ces relations-là nous permettent de comprendre dans quel état d’esprit elle se trouve, comment elle sortira de ces relations conflictuelles, voire toxiques, en étant dans un schéma reproductif systématique. Ouais dit comme ça, ça ne veut rien dire, mais quand vous regarderez le film vous comprendrez où je veux en venir ! Si vous arrivez à vous faire au rythme des dialogues.

Parce que ça parle. Beaucoup. Si vous n’êtes pas coutumier du fait, ça peut rebuter. Parce qu’en plus ça cause à Mach 2. Cela dit, vous pourrez passer outre en admirant Jessica Chastain sur l’écran, qui brille de mille feux et qui porte le film sur ses épaules. Une bien belle performance qui me donnerait presque envie de redonner une chance à Zero Dark Thirty. Sinon, que dire sur la mise en scène ? Pour une première expérience, Sorkin s’en sort pas mal, on n’est pas non plus dans de la grande réalisation, le sujet ne se prêtant pas à des expérimentations. Le montage est plutôt dynamique, c’est bien composé, et le casting est plutôt cool, que ce soit Kevin Costner dans le rôle du père en passant par Michael Cera qui campe le principal client de Molly dans ses parties de poker, grâce à qui elle perce dans le milieu.

On passe un bon moment devant Molly’s Game, en tout cas j’ai passé un bon moment devant Molly’s Game. C’est typiquement le genre de film qui me plait, où ça brasse du verbe en veux-tu en voilà, avec un rythme, une cadence, millimétrée. Et si tu kiffes pas, tu regardes pas et puis c’est tout !

A Ghost Story

AGhostStoryPoster-lettering-2« Apparaissant sous un drap blanc, le fantôme d’un homme rend visite à sa femme en deuil dans la maison de banlieue qu’ils partageaient encore récemment, pour y découvrir que dans ce nouvel état spectral, le temps n’a plus d’emprise sur lui. Condamné à ne plus être que simple spectateur de la vie qui fut la sienne, avec la femme qu’il aime, et qui toutes deux lui échappent inéluctablement, le fantôme se laisse entraîner dans un voyage à travers le temps et la mémoire, en proie aux ineffables questionnements de l’existence et à son incommensurabilité. »

David Lowery retrouve ses Amants du Texas pour une histoire de fantômes qui ressemble à tout sauf à ce à quoi on peut s’attendre d’un « film de fantômes ». Oubliez l’épouvante. Ici, on cause de solitude, d’effacement, et d’intemporalité.

Solitude parce que c’est la résultante des événements du début du métrage. On suit M (Rooney Mara) et C (Casey Affleck) dans leur vie de tous les jours au sein de cette maison qui lui a plu tout de suite, à lui. Elle, par amour, accepte d’y vivre, mais ne s’y sent pas bien. Suite au décès de C, celui-ci réapparait sous la forme spectrale la plus enfantine possible, comme vous pouvez le voir sur l’affiche, et retourne dans la maison. Il y restera coincé. Ad vitam, si j’ose m’exprimer ainsi ? Il n’est pas le seul dans ce cas. En tout cas, il sera témoin des deuil et chagrin de M, ainsi que des nouvelles vies de ladite maison, en étant désespérément seul, coincé, avec pour unique but de récupérer le mot qu’M a laissé, comme on peut le voir dans le trailer.

Effacement, parce qu’oubli. À mesure qu’M fait le deuil de C, elle se met à revivre. Jusqu’à quitter ce lieu qui lui rappelle trop de souvenirs. Lui la voit renaître, et ne peut rien faire. Enfin, si, mais choisit de ne pas intervenir, de rester témoin de la renaissance de M. L’effacement sera total, puisque le quartier dans lequel C est coincé va se trouver considérablement changé. A-t-il encore une chance de lire ce que M a écrit sur ce petit mot coincé dans un des murs de la maison ? Rien n’est moins sûr.

Intemporalité parce que le temps de C est suspendu. Arrêté. Et non-linéaire. Cyclique ? Peut-être. Revit-il ses anciennes vies ? Non. Il en est certainement le témoin. Même dans la mort, l’éternité est insupportable. À mesure que le temps s’égrène sous ses yeux, il se voit dans la maison avec M, les pièces manquantes du puzzle de leur vie se mettent en place. Va-t-il, cette fois-ci, pouvoir récupérer ce fameux mot afin d’avancer ? MISS TAIRE !!!

Bon, on ne va pas se mentir, faut s’accrocher devant A Ghost Story. Le rythme est incroyablement lent. On a des scènes en plan fixe qui durent, durent… J’ai une scène en tête avec M et une tarte. Bref, elle noie son chagrin en la mangeant quasiment en entier, jusqu’à en vomir. La séquence est filmée en intégralité, en plan séquence. On bascule doucement de l’apitoiement, de l’empathie que l’on peut avoir pour cette veuve, vers de l’inconfort. On est gêné d’assister à cette scène. Et c’est bien le temps qui passe qui fait que ça devient dérangeant.

J’aime bien le contemplatif, c’est pas le problème. Je ne peux m’empêcher de penser que David Lowery a voulu faire de son film une espèce de poème, quelque chose d’assez hermétique, difficilement accessible parce que la forme n’est pas absolument pas standard. Je n’ai absolument aucune idée de la fréquentation, je l’ai vu comme un connard chez moi, vu que dans ma ville il n’était pas programmé. Vu que le film s’est fait tailler dans tous les sens dans la presse, m’est avis que la foule ne s’est pas pressée pour aller le voir en salles. Bref…

C’est dommage, parce que la direction d’acteurs est nickel, évidemment Casey Affleck et Rooney Mara sont très bien dans leurs rôles respectifs, leur alchimie est visible, y a des scènes vraiment cools, notamment une discussion lors d’une soirée qui vaut son pesant de points (checke ça, gros(se): https://youtu.be/ZehN0lr0F-A).  Des éléments fantastiques sont présents aussi, parfois. La mise en scène est chiadée, les cadres sont bien composés, même le choix du format d’image est assez audacieux. Visuellement, A Ghost Story est beau. Dans le fond aussi, finalement. A Ghost Story vous fera sortir des sentiers battus. Un conseil, accrochez-vous, ne baissez pas les bras, allez au bout et vous aurez vu un vrai beau film.